Le 20ᵉ Festival des Abbayes en Lorraine va vous faire voyager en Europe. Entretien avec Daniel Caquard, directeur artistique de l’évènement

Le 27 juin 2024 par Lilia Akani

Traversées Baroques

Le 20^ᵉ anniversaire du Festival des Abbayes arrive. Une grande fête imaginée autour d’un itinéraire parcourant de grandes cités européennes. Prague, Madrid, Florence, Venise, Vienne, Versailles et bien sûr Paris seront quelques-unes des haltes de cette vingtième saison. Des cités de France, d’Italie, d’Autriche, de la prestigieuse Bohême, de la vieille Arménie ou d’une Espagne endiablée, un voyage au cœur d’un certain âge d’or musical que le Festival à partager à partir du 19 juillet prochain.

Daniel Caquard, quelle est la Genèse du Festival des Abbayes ?

Le Festival des Abbayes en Lorraine est né suite au besoin qu’avait l’office de tourisme de remettre en valeur ses abbayes vosgiennes. C’est un peu par hasard que nous avons décidé de créer cet évènement. L’idée était de base était d’accompagner les conférences dans ces lieux à travers la musique et faire ainsi découvrir au public l’histoire et la riche de ces sites d’exception. Au début, on nous disait que ça ne pouvait pas marcher, que la musique classique dans cette région n’avait pas beaucoup d’adeptes et finalement le Festival va fêter ses 20 ans avec un taux de remplissage de près de 100% en 2023 !

Ce n’est donc pas un hasard si le festival dure depuis toutes ces années…

Je ne crois pas… Nous avons des personnes qui viennent d’un peu partout et c’est un évènement qui il a réussi à prendre ses marques dès le départ. Je me souviens du premier concert avec un public exclusivement local, nous, avions dû ouvrir en grand les portes de l’Abbaye de Moyenmoutier tellement il y avait de monde. Cela nous a conforté dans l’idée que nous pouvions continuer…

Justement, cet évènement s’adresse-t-il à tout type de public ?

Vous savez, Le Festival des Abbayes ne résume pas qu’à la musique classique. Il y a parfois de la musique plus contemporaine et même des créations de jazz. L’important, c’est d’être conforme et en raccord avec ce que l’on raconte. Nous avons certes affaire à un public d’avertis, mais beaucoup de curieux viennent aussi. Toute personne peut aisément tomber sous le charme d’un concert, car nous avons des ensembles assez conséquents qui confèrent aux lieux une dimension exceptionnelle.

Ce type d’évènement demande une vraie organisation en amont…

Effectivement. On s’y prend un an à deux ans à l’avance. Parfois même trois ans pour un premier contact. Pour l’organisation proprement dit, c’est généralement un an avec de nombreux dossiers à monter. De plus, nous accueillons des ensembles qui ont des activités nationales voir internationales. Il faut donc s’y prendre bien à l’avance sans oublier la prise en compte des dates d’occupation des lieux. C’est le cas par exemple avec les mariages religieux au sein des églises.

Cette année, le festival nous fait voyager en Europe, pourquoi ce thème ?

Il y a toujours une thématique et cette année, c’est le thème est un peu hasardeux. Au départ, j’avais donné comme consigne aux ensembles présents (et avec lesquels nous avons fait un parcours de presque 20 ans pour certains) de nous proposer quelque chose de joyeux pour un anniversaire. Le fil conducteur est finalement venu à postériori avec cette envie de mettre en avant les grandes capitales européennes où ont exercé Mozart, Beethoven et bien d’autres personnages connus de la musique classique. Un voyage à travers Vienne, Salzbourg, Florence Paris… Mais je précise que cela n’a rien avoir avec les élections européennes (rires).

Un évènement digne d’intérêt qui a dépassé le simple cadre du local…
Daniel Caquard, directeur artistique du Festival des Abbayes

Il y a aussi cette dimension pédagogique…

Toujours dans cet objectif de redécouverte des lieux, nous avons monté toute une activité autour de conférences avec des universités de Nancy, Strasbourg et des historiens pour parler de l’histoire singulière de ces lieux. Ensuite, nous voulions permettre à un public plus jeune de se dire qu’il est possible d’écouter au moins une fois dans sa vie autre chose que les dernières musiques à la mode. La musique, c’est une continuité et même un compositeur, un musicien du 16ᵉ ou 17ᵉ siècle avait des mélodies qui pourraient être écoutées aujourd’hui. D’ailleurs, ces jeunes entendent parfois des musiques de Beethoven dans certaines pubs, ce qui leur permet de découvrir finalement ce célèbre compositeur.

On comprend toute l’importance de cet évènement qu’il est d’ailleuirs possible de soutenir…

Oui, sous forme d’adhésions. Pour l’instant, même si cela fait 20 ans, ce sont des bénévoles qui s’occupent de toute l’organisation. Pour le montage du dossier et l’écriture du scénario, je suis seul à ce niveau-là, concernant la logistique, les jours de concerts, nous sommes environ une trentaine. Aujourd’hui cela devient très compliqué et de trouver des personnes, notamment des jeunes, pour reprendre la suite. Pourtant, c’est un évènement digne d’intérêt qui a dépassé le simple cadre du local…