Obey, Obama et Épinal en exposition

Artiste américain et touche-à-tout, Obey détourne les codes de la culture populaire. Des oeuvres nées dans la rue qui font le tour de la planète et entrent même dans les musées. Épinal lui consacre une rétrospective.
Obey c’est d’abord une image, connue dans le monde entier, celle du =https://www.flickr.com/photos/jetheriot/2284436689]visage du président Barack Obama, en rouge et bleu, façon illustration de propagande. Une icône barrée du titre Hope qui a fait le tour du monde, saluée à l’époque par le futur président des États-Unis lui même.
Un symbole qui a révélé au grand public le travail de cet artiste de Los Angeles, connu principalement jusqu’alors dans la sphère du street art (art urbain). Une image qui n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des créations de l’artiste américain. Touche-à-tout, il a posé sa griffe sur tous les supports imaginables : affiche, sticker, pochette de disque, t-shirt, affiche
Mais c’est surtout sur les murs des villes qu’il applique ses graffitis qui entrent aujourd’hui dans les musées ! Ou comme à Épinal, à la galerie La lune en parachute. Quoi de plus attendu que la cité des images pour accueillir les oeuvres de celui qui adore détourner les codes et les représentations ?
Un clin d’oeil qui a inspiré le titre de l’exposition (” Image d’Obey “) au commissaire Bob Jeudy. Le collectionneur parisien a prêté une grande partie des 250 oeuvres qui seront exposées à la galerie spinalienne. Un parcours à travers les points forts de la carrière de l’artiste, le fameux portrait d’Obama en tête, mais aussi des oeuvres uniques de 1990 à aujourd’hui, comme un collage et peinture, le Rose Shackle, des pochettes de disque et des sérigraphies. On pourra mieux saisir comment l’artiste puise dans les codes de la société de consommation pour les détourner.
Un procédé partagé avec un autre monstre de la contre-culture : ” Les liens entre Obey et Andy Warhol se situent dans la réappropriation de l’image populaire et dans l’engagement citoyen, explique Hélène Humbert, de la galerie La lune en parachute. Warhol empruntait au cinéma et à Hollywood, Obey a choisi une image accessible et comprise de tout le monde. “
On retrouvera aussi dans cette exposition une peinture murale Né dans la rue réalisée à la Fondation Cartier. Une façon de rappeler que si les oeuvres d’Obey, alias Shepard Fairey squattent aujourd’hui les salles cossues des musées, l’artiste n’oublie pas les racines de son travail dans la rue et dans l’illégalité. Ses affiches lui ont encore valu un séjour en prison à Détroit en juillet dernier.
Libéré sous caution, il est aujourd’hui accusé de ” destruction délibérée de biens ” pour ses collages sauvages, un crime aux États-Unis passible de cinq ans de prison et de plusieurs milliers de dollars d’amende.
Pour Obey, qui porte son nom comme un étendard ironique (to obey signifie ” obéir ” en anglais), c’est en réalité une aubaine. Tout le symbole d’une lutte et d’une époque, celle de la révolte contre le carcan des lois et des normes qui étouffent de plus en plus la liberté d’expression.