Atychiphobie ou la peur de l’échec

« Erreur », « faute », « nul », « mauvais », … ces mots et ces jugements que l’on a entendus dans l’enfance, que ce soit dans la sphère familiale, à l’école ou dans les activités extrascolaires, stigmatisent et entraînent nombre d’entre nous dans une dynamique négative où l’échec est voué à se répéter.
La Atychiphobie (ou kakorraphiophobie) décrit une peur anormalement exagérée et persistante de l’échec. Quelles en sont les causes ? Comment sortir du cercle vicieux dans lequel l’échec peut entraîner certaines personnes ?
Quand la peur prend le pas sur la motivation
Faute d’orthographe, fausse note, erreur, gadin et autres bévues, sont ressentis comme étant autant d’échecs cumulés qui ébranlent la confiance en soi et provoquent, par leur répétition, la peur de ne pas réussir ou d’être en deçà de l’objectif.
À chaque fois, les mêmes spectres resurgissent (décevoir, se sentir nul, être jugé ou subir de l’humiliation). Peu à peu, une sorte de conditionnement à l’échec s’installe et toute une panoplie de troubles psychosomatiques apparaît. Alors survient un blocage qui, surtout lorsque l’on a déployé bien des efforts pour accéder à la réussite, ruine toute confiance en soi et en ses capacités. Car à chaque fois que l’on est tenté de sortir de notre zone de confort – celle que préfère notre cerveau – c’est la cata !
Cette peur démesurée de l’échec peut conduire certaines personnes à s’empêcher de vivre : procrastination, stratégies d’évitement, perfectionnisme, anxiété excessive, voire crises de panique.
En psychologie, on va même jusqu’à décrire des conduites d’autosabotage.
Mieux vivre l’échec
« La peur n’évite pas le danger » a-t-on coutume de dire… Certes. Il serait plus juste de rappeler que cette peur est une émotion instinctive dont nous avons tous fait l’expérience dans notre vie et dont la fonction vise à nous protéger des conséquences de risques démesurés,
C’est donc cette peur excessive qu’il convient d’analyser afin de décrypter les indices qu’elle véhicule. Pour comprendre que la peur de l’échec ne doit pas être plus forte que la passion et l’énergie qui nous animent à réaliser ce projet. Que faire pour de ne plus contourner le risque d’échec, mais l’accepter, et comprendre que tout ne peut pas réussir du premier coup ?
Renouer avec la connaissance de soi et la confiance
Enfant, scientifique, sportif de haut niveau, prestidigitateur ou artiste, tous sont inévitablement passés par l’échec pour apprendre de leurs erreurs et progresser. En révisant, en reprenant leurs calculs, en rectifiant leur approche, ils nourrissent leur motivation et concentrent leur énergie sur leurs objectifs. C’est ce qu’a démontré avec brio (si l’on peut dire) le plongeur Alexis Jandard en se remettant de sa chute avec beaucoup d’humour et d’autodérision, lors de l’inauguration de la piscine olympique en avril dernier.
La thérapie cognitive et comportementale (TCC) et la thérapie interpersonnelle (TIP), proposées par les professionnels de santé (psychiatre ou un psychologue) ne visent pas à amener la personne à contrôler sa peur d’échouer, mais à l’amener à connaître ce qui est à l’origine de ces comportements et qui génère la peur : peur de décevoir les autres, de se focaliser et de surinvestir sur un objectif unique, ou encore l’incapacité d’une personne à compenser émotionnellement une situation d’échec, par exemple.
Un article réalisé en partenariat avec le Magazine Tandem, à consulter ICI.