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Gérard Claudel : la CCI des Vosges accompagne les entreprises

Le 28 mai 2013 par Bruno Veillon

Le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Vosges évoque la question de l’emploi dans les Vosges et la situation des entreprises.

L’emploi, vous diriez que c’est votre première priorité dans le travail coordonné que vous menez avec l’Etat ?

Notre priorité c’est l’entreprise, il faut qu’elle soit viable, qu’elle génère du bénéfice, qu’elle produise de la richesse, qu’elle innove, qu’elle fasse de la Recherche & Développement, une fois qu’elle a fait ça, elle peut avoir les ressources nécessaires pour créer de l’emploi. Bien sûr c’est primordial. Et sauver l’emploi aussi. Pourquoi ? Parce que nos concurrents à l’étranger se bougent, parce que dans les pays limitrophes les coûts du travail sont moins élevés qu’ici. Nous devons donc travailler dans les Vosges dans des niches plus innovantes, et qui ne peuvent pas être produit ailleurs. 

L’employeur n’est pas un philanthrope, il ne crée pas des emplois pour faire plaisir. Mais tout est lié, pour produire, il faut créer des emplois. Dès qu’une entreprise a des difficultés, on supprime des emplois, c’est comme ça. Nous portons l’emploi à la CCI, nous proposons de la formation pour que les employés se valorisent, on a créé une école de la seconde chance avec la CCI 54.

La situation n’est donc pas des meilleures…

On parle toujours des entreprises qui ferment mais moins de celles qui vont bien. Dans le textile par exemple. On a longtemps dit que c’était fini le textile dans les Vosges. On voit pourtant qu’on a des entreprises qui marchent très fort, dans des niches innovantes. Des entreprises qui fournissent des hôtels de luxe dans le monde entier, les arts de la table, art culinaire, linge, couverts,…

On a aussi 54 entreprises dans les Vosges de la plasturgie. Par exemple, dans le futur stade de Nice, tous les sièges sont fabriqués dans les Vosges ! Nous avons également rouvert une formation au CFA de Sainte-Marguerite, les étudiants vosgiens partaient en Moselle et Meurthe-et-Moselle. 

Dans la métallurgie, des entreprises vosgiennes innovent, réalisent de la mécanique de précision dans les pièces. En aéronautique, le travail des blocs d’aluminium à Harol, ils font des nids d’abeilles pour des structures d’ailes d’Airbus sur deux sites. 

Dans l’agroalimentaire aussi, des entrepreneurs investissent et innovent tout comme dans le tourisme.

Est-ce qu’on entreprend plus qu’avant dans les Vosges et est-ce que c’est plus difficile qu’avant d’entreprendre ?

Il y a 1 000 créations d’entreprises par an dans les Vosges, c’est plutôt stable, dans d’autres départements c’est à la baisse. Nous sommes plutôt satisfaits. Tout le monde a envie de créer son emploi, son entreprise. Mais il ne suffit pas de vouloir. On ne créé pas son entreprise en claquant des doigts. Notre rôle c’est de faciliter les démarches de création ou de reprise en accompagnant les porteurs de projet grâce à des salons de démarchage, des formations-conseils à la CCI, les pépinières d’entreprise où 90 % des projets réussissent.

Quels sont les freins aujourd’hui au développement des activités d’une entreprise ?

Il y a un problème latent, c’est la question du financement. Les banques sont frileuses. Même si un dossier est bien monté, les banques demandent des garanties financières, mais il devient de plus en plus difficile d’avoir un apport personnel. Nous avons alors plusieurs systèmes à la CCI pour intervenir auprès des banques en les invitant à revoir le dossier, ou auprès du porteur de projet en l’invitant à diminuer son investissement pour démarrer. On a créé deux plates-formes (Hautes-Vosges et Sud) qui proposent des prêts à taux zéro et accompagnent aujourd’hui une cinquantaine de dossiers entre 2500 et 7500 euros. Ce ne sont pas des grosses sommes, mais ça crédibilise un projet auprès des commissions d’attributions des banques. 

On reproche aux banques de ne pas investir dans l’économie réelle…

Il y a une quinzaine d’années, les créateurs d’entreprises démarraient sans aucuns fonds propres, et les banques leurs faisaient confiance. Aujourd’hui, si vous n’amenez pas 30 % de fonds propres, vous ne pouvez plus reprendre ou créer une entreprise. 

Pour palier ces difficultés, nous avons créé un fonds pour les entreprises quand les banques leurs refusent un prêt pour développer leur activité. La CCI propose un apport entre 20 000 et 25 000 euros, sans intérêts et sans garanties. Du coup, les banques acceptent de prêter ! Cet après-midi, j’instruis 7 projets d’investissement, pour des TPE- PME. Ce sont des gens qui n’auraient pas investi, on leur redonne un coup de pouce.

Ensuite, il y a aussi un problème avec les charges sur le travail. La France est le pays européen où les taxations sont les plus élevées, aussi bien patronales que salariales. Cet argent là pourrait servir à la Recherche & Développement ou à améliorer leur compétitivité. Sinon, on fait mourir les entreprises. 

La création de la BPI (Banque Publique d’Investissement) est-elle alors une solution ?

La BPI, c’est un très bon outil, c’est un outil de garantie par rapport aux banques. Si Oséo dit oui, la banque dit oui. Le Gouvernement peut ainsi aider des entreprises en difficulté, injecter de l’argent, différer les remboursements de capital. On a ce rôle de conseiller les entreprises, et puis on est dans le même bateau. On donne des conseils, nous on est prescripteur, à la CCI on a des techniciens qui savent analyser les dossiers. 

Autre difficulté dans les Vosges, celle de trouver des salariés adaptés aux besoins des entreprises.

On a certaines filières qui ne trouvent pas d’employés. Dans le tourisme, si on cherche un cuisinier, on ne trouve plus. On ne les a pas assez formé, ils se déplacent vers des pays limitrophes où les salaires sont plus attrayants. C’est pareil dans d’autres domaines comme en informatique, métallurgie, transports routiers, commerce…
Aujourd’hui ce sont des métiers où les parents ne veulent pas que leurs enfants fassent des formations. On a dénigré certaines filières. La formation par alternance et l’apprentissage sont très valorisés en Allemagne. Chez nous, ça veut dire que vous êtes en échec !

La CCI des Vosges met donc un point d’honneur sur la formation des Vosgiens ?

Nous sommes le 2ème formateur après l’Education Nationale dans les Vosges ! Nous avons créé la Nuit de l’Orientation où les jeunes peuvent rencontrer les professionnels directement et valoriser leur métier. 

Prenons un exemple. Dans le tourisme, tout le monde veut être chef de réception, parler anglais et allemand… Mais dans un hôtel il n’y a que deux réceptionnistes. Et 18 autres personnes qui travaillent. Une femme de chambre peut évoluer, devenir gouvernante d’hôtel… ! Mais c’est fou, on n’arrive pas à faire comprendre ça aux parents. 

Quelles qualités démarquent les Vosgiens sur le marché du travail ? 

Le Vosgien a la valeur du travail. Pourquoi dans l’Est on travaille plus que dans le Sud ? Je ne sais pas, mais ce n’est pas un mythe ! On a visité une graniterie à La Bresse : les salariés y travaillent sous la pluie, dans la boue, toute la journée, je suis émerveillé. Je sais qu’il y a des investisseurs qui savent cela.

Evoquons les autres dossiers de la CCI, notamment la récente création d’un espace numérique au centre d’affaires à Epinal. 

Cet espace numérique dans le centre d’affaires proche de la gare d’Epinal, permet de regrouper toutes les nouvelles technologies, au service du marketing ou de la production des entreprises : des imprimantes 3D, des écrans tactiles, de la mise en oeuvre de référencement de sites sur internet, etc.Tout ce qui est possible techniquement pour aider les entreprises.

Autre chantier, la mutualisation des services entre les CCI en Lorraine. 

L’idée de l’Etat c’est de mutualiser les services. L’idée à terme, c’est d’avoir une CCI Lorraine avec des antennes dans chaque département avec une gouvernance régionale. Dans ce projet, chaque CCI départementale se verra attribuer un secteur d’activité. La CCI des Vosges s’occupera des infrastructures en Lorraine (ports et aéroports) et du tourisme, la Meurthe-et-Moselle sera en charge de la formation. La Moselle a pris l’international et l’export, quant à la la Meuse c’est la question de l’innovation qui sera leur priorité.

Nous avons déjà mutualisé le centre de relation clients des CCI lorraines : si vous appelez la CCI Meuse ou de Meurthe-et-Moselle, l’appel aboutit ici, sur une plate-forme où travaillent six employés. Certaines régions sont allées plus loin que nous, en regroupant toutes les chambres consulaires : agriculture, artisanat et CCI. A terme, il faudra y venir aussi en Lorraine.

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