Économie mondiale : Quels enjeux pour le Grand Est dans ce bras de fer ?

L’administration Trump est aux commandes depuis moins de deux mois. Après avoir saccagé ses institutions, faisant fi des règles de l’OMC, elle s’attaque (comme annoncé) aux tarifs douaniers, faisant entrer l’économie mondiale dans une nouvelle ère : celle de la guerre commerciale. Quels sont les enjeux et les risques pour les entreprises du Grand Est ?
L’impact des hausses de droits de douane sur l’acier et l’aluminium
Les hausses de droits de douane, en particulier celles touchant les secteurs automobile, agroalimentaire et chimique, peuvent avoir des répercussions profondes.
Par exemple, en 2018, l’administration Trump avait imposé des tarifs de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium, affectant directement les coûts de production des entreprises.
Dans le Grand Est, le secteur automobile, qui représente près de 10 % de l’emploi régional, pourrait subir des conséquences sévères, car une augmentation des coûts des composants importés pourrait réduire leur compétitivité sur le marché européen et américain.
Autre point clé, la sidérurgie et la hausse de 25 % des droits de douane sur l’acier et l’aluminium. ArcelorMittal (2e producteur mondial) a déjà annoncé des fermetures de sites ou de suppressions d’emplois sur des sites importants comme Florange, dont la production d’acier est majoritairement destinée au secteur automobile. L’activité de postes liés à l’informatique, aux achats et aux ressources humaines, serait transférée en Inde et en Pologne dans ses services partagés. Sur les 2 000 salariés de la vallée de la Fensch, 200 sont affectés actuellement aux fonctions supports et sont potentiellement concernés. Pour autant, et pour l’instant, le groupe a déclaré ne pas souhaiter délocaliser son activité de production d’acier de l’Europe vers l’Inde.
De son côté, la Chine, elle aussi concernée par la hausse tarifaire, pourrait voir de nouvelles portes s’ouvrir en Europe pour écouler son acier low cost.
Le champagne trinque !

La réponse de Trump à la riposte européenne visant les spiritueux américains ne s’est pas fait attendre : + 200 % sur le vin et le champagne !
Le secteur agroalimentaire, qui a généré près de 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 dans le Grand Est, se retrouve au centre des règlements compte. Gabriel Picard, Président de la FEVS (1), déclarait dans Les Echos, le 13 mars dernier, « 200 % de taxes sur les vins et spiritueux européens, c’est l’arrêt immédiat de toute expédition vers les États-Unis. C’est quasiment 4 milliards d’euros rayés de la balance commerciale française, pour un gain nul. »
Vin, fromages et viande, des droits de douane accrus risquent d’impacter les marges et entraîner des pertes économiques significatives pour les entreprises du secteur.
Des opportunités
La Région pourrait se reporter sur les marchés asiatiques, où la demande de produits de qualité est en forte croissance. En 2021, les exportations du Grand Est vers l’Asie avaient augmenté de 15 %, atteignant 1,5 milliard d’euros.
Des pots cassés…
Les chercheurs de la Tax Foundation (2) rappellent que droits de douane mis en place par les administrations Trump et Biden avaient eu pour résultat la hausse de l’inflation et la réduction de la production et de l’emploi. On en voit déjà les signes précurseurs et les marchés boursiers, en forte baisse ces derniers jours, inquiètent le monde de la finance.
Sommes-nous à l’aube d’une crise économique majeure ? Affaire à suivre.

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