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Les tissages de photos de la Chantrainoise Sophie Scher

Le 06 septembre 2015 par Bruno Veillon

Avec ses tissages de photos, Sophie Scher met en application les savoir-faire acquis à l’Ecole Supérieure d’Art d’épinal et à l’école Louis Lumière à Paris. Pour un travail poétique et engagé, un rien décalé aussi.

Ici Monaco la richissime où s’imbriquent les couleurs d’une favela. Là Made in France ou une friche industrielle vosgienne où se mêle la bannière de la Chine. Depuis quelques temps déjà, Sophie Scher met en oeuvre la technique du tissage. 

” Une démarche artistique basée sur l’utilisation de deux photographies assemblées pour n’en former qu’une. Il n’y a pas de photomontage, il s’agit d’un travail manuel  “, confie la jeune Vosgienne qui, à 30 ans, affiche déjà un parcours professionnel et artistique d’excellence. ” C’est un travail poétique et engagé où je cherche un élément apportant à la fois de l’onirisme à l’image mais aussi une histoire tout en subtilité. ” 

” On peut tout faire avec le tissage, et dire plein de choses “. Sportifs, guerriers, culturels, sociétaux, politiques : tous les sujets sont possibles. Comme l’illustre la création par Sophie d’un tissage par jour un mois durant, en réaction à l’actualité, ” un long travail “. 

Formée aux Beaux Arts à l’ESAL d’Épinal, avant d’intégrer l’Ecole nationale supérieure Louis Lumière à Paris, la jeune photographe maîtrise un double savoir-faire qui la sert bien sûr dans ce projet, et n’exclut en rien ” le regard décalé “.

” En fait l’actualité m’a rattrapée “, confirme celle qui a grandi à Chantraine, au sein d’une famille de graphistes créatifs, d’artistes. ” Le reportage m’a toujours passionnée “, mais ” être Tintin, c’est compliqué “, glisse-t-elle en un sourire discret, en avouant sa ” nature timide “. Un penchant qu’elle sent pourtant vaciller quand Christian, son père, lui offre pour ses 14 ans son premier argentique, un Nikon F. ” Grâce à la photo, j’ai fait des choses que je ne faisais pas. C’est un autre état. Une sorte de pulsion, de montée d’adrénaline… “

En quelques années, Sophie Scher confirme le bien-fondé de cette première intuition. 
à Louis Lumière, Christian Caujolle la pousse à créer un collectif. En ligne de mire, le Mois de la Photo à Paris où chacun exposera son travail sur le thème Europe entre tradition et modernité. Sophie choisit l’Italie, Turin. ” Mon premier photo reportage “. 

Son projet de fin d’études aborde un sujet ultrasensible : les surirradiés des hôpitaux. ” Une belle expérience. Je passais un jour avec chaque personne. J’en sortais vidée, mais peut-être plus forte aussi “. Le diplôme de la prestigieuse école en poche, en 2009, Sophie multiplie les contacts, jusqu’à une fabuleuse rencontre début 2010. 

Dans le cadre de sa communication auprès des concepteurs du bâtiment la Mutuelle des Architectes Français noue un partenariat avec Raymond Depardon. Il faut trouver un successeur au créateur de l’agence Gamma ainsi soutenu pour réaliser son ” ?état des lieux photographique de la France “. 

Sophie postule, pour finalement être élue. Oublié le vertige. Des prises de vue sur les échafaudages installés sur les immeubles hausmanniens ne lui font pas peur. ” Je suis presque jaloux de vos images “, lui glisse le maître. Bonheur intérieur intense. Le regard plutôt classique de la MAF se laisse séduire par cette approche décalée, au point de renouveler deux fois le contrat. 

” Je vis aujourd’hui des photos d’architecture. C’est très graphique. Cela me plaît “. Paris, Londres, la Bulgarie, le Cambodge, Arles et ses fameuses Rencontres, Épinal bien sûr… : les expositions et les rendez-vous se suivent. En début d’année, Polka lui consacre un long papier. Le mois à venir devrait voir la sortie de ” 31 jours ” un ouvrage consacré à ses tissages sur l’actualité.

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